Portugal, 2012.
Des paysages portés par les yeux des jeunes gens de Lisbonne. Des paysages portés avec des routes et parfois des villages. Une maison. Mais cela crisse aussi. Une peur à cacher.Une sensibilité à ne pas trop montrer. Les jeunes se marquent et se démarquent. Ils s’affirment en surface, et d’eux semblent émaner des îlots, des refuges et des destinations déçues. D’où viennent les images? De leurs yeux? Est-ce que cela se lève ? Est-ce que cela se couche? Tant de choses qui brillent, tellement de volontés mais aussi quelque chose qui s’éteint.Un entre-deux fragile et fort à la fois. Une détermination, des réflexes tribaux. Où vont les routes, les chemins? Presque aucune ombre, si peu de soleil. Ils ne seront pas avalés.Jusqu’où seront-ils forts ? Lisbonne donc. Et puis autour. Des images du pays mais aussi d’ailleurs, de cet ailleurs intérieur. Des réminiscences du photographe, des éléments de sa propre existence, actuelle et passée, sont mélangés à celle de ces jeunes. Benoît Arridiaux, grâce au cadrage particulier de ses portraits, grâce à la captation d’une lumière vaine et déposée, décale notre regard, interroge le sujet. Les paysages, les objets contiennent une forme d’incertitude, un inconfort et en même temps une réalité très sûre, presque totale. Ce paradoxe nous dit exactement la sensation indéfinie des volontés juvéniles. Et l’ensemble cache ainsi, derrière les questionnements, une énergie solide et très contemporaine. Peut-être un optimisme. (Remy Ollivault).